Les objectifs tracés par ONU Femmes sont les suivants : mettre en action des programmes concrets permettant de lutter efficacement contre la montée de l’extrémisme violent, renforcer l’autonomisation des femmes et consolider leur participation dans tous les domaines, valoriser l’éducation des enfants dès le bas âge aux principes de l’égalité des sexes, la tolérance et la non-discrimination.
« L’extrémisme violent concerne les jeunes de moins de 34 ans, les hommes plus que les femmes, les diplômés des universités, les groupes sociaux les plus précaires et les jeunes émanant un sentiment de mécontentement et de frustration », a souligné hier Najla Allani Bouhoula, directrice générale du centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif).
« Ces résultats de 3 Policy Briefs réalisés dans le cadre d’une étude sur le genre et l’extrémisme violent en Afrique initiée par ONU Femmes ont aussi montré que des profils multiples de femmes recrutées par des groupes extrémistes sont identifiés et jouent un rôle majoritairement secondaire d’aides logistiques et d’accompagnement mais aussi de leaders et d’activistes sur le terrain », a-t-elle ajouté dans une déclaration à l’agence TAP en marge d’une conférence organisée à Tunis sur « Le genre et l’extrémisme violent en Afrique du Nord ».
Elle a, en outre, précisé que les policy briefs, qui se basent essentiellement sur des analyses qualitatives et quantitatives et aboutissent à des recommandations pratiques destinées aux acteurs locaux, portent sur le rôle des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent, la relation entre les violences fondées sur le genre et l’extrémisme violent et les indicateurs sociaux démographiques portant sur ce phénomène.
La directrice du Credif a, par ailleurs, signalé qu’une recherche action sur le rôle des femmes et des jeunes des deux sexes dans la prévention de l’extrémisme violent est actuellement en cours de réalisation. « Cette recherche est également pluridisciplinaire qualitative et basée sur une enquête dans plusieurs gouvernorats du Nord, du Centre et du Sud de la Tunisie », a-t-elle précisé.
S’exprimant lors de la conférence, Néziha Labidi, ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, a souligné la nécessité de traiter le phénomène de l’extrémisme violent en s’attaquant à la source et en renforçant l’éducation des enfants dès leur bas âge aux principes de l’égalité des sexes, la tolérance et la non-discrimination.
La ministre a rappelé que la Tunisie a promulgué une loi sur l’élimination de la violence contre les femmes en juillet 2017 et a adopté un plan d’action national visant à activer la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, se rapportant au thème « Femmes, sécurité et paix » dans l’objectif de renforcer l’autonomisation des femmes, consolider leur participation dans tous les domaines et consacrer leurs droits, conformément aux engagements de la Tunisie en la matière.
« Ce plan d’action national porte principalement sur l’autonomisation économique de la femme à travers, notamment, le programme ‘‘Un projet de vie pour chaque région’’ lancé en 2019 dans 7 délégations et visant le développement des régions frontalières menacées par le terrorisme et l’extrémisme », a-t-elle dit.
Pour sa part, Moez Doraid, directeur régional d’ONU Femmes (Etats arabes), a souligné que durant ces deux dernières années, ONU Femmes et le Centre genre, paix et sécurité de l’Université Monash, avec le soutien du gouvernement du Royaume-Uni, ont développé une analyse factuelle des liens entre le genre et l’extrémisme violent en Libye, au Maroc et en Tunisie.
« Les données primaires collectées en Libye montrent que les attitudes sexistes hostiles aux femmes et le soutien aux violences faites aux femmes sont les facteurs les plus associés au phénomène de l’extrémisme violent », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Il est devenu évident que les femmes jouent des rôles divers et actifs dans l’extrémisme violent par la mobilisation, la facilitation et la participation directe aux activités des groupes extrémistes mais aussi dans la prévention et dans les efforts de désengagement. Elles participent également au recrutement, aux levées de fonds et à la dissémination de la propagande des groupes extrémistes ».
A noter que la conférence, qui réunit des experts tunisiens et étrangers, analysera les résultats des recherches et examinera les moyens de mettre en action des programmes concrets permettant de lutter efficacement contre la montée de l’extrémisme violent notamment fondé sur le genre.